Ouvrage publié aux éditions Atlantica - ISBN 2-35165-023-9
 
Le Livre
   
 
Extraits
   
 
Extrait
 


1095 – 1096 Les prédicateurs, Pierre l’Ermite

De villes en villages les prêcheurs vont semer la bonne nouvelle comme jadis le faisaient les apôtres. Ils soulèvent le menu peuple et assurent, à défaut de pain, une satiété spirituelle, et c'est déjà beaucoup.

La légende a surtout retenu « Pierre l'ermite », cet homme populaire, plus imaginatif que sage. Mais ces orateurs étaient nombreux en France, Allemagne, Italie, Flandre, Espagne, Angleterre, qu'on appellera plus tard les fous de Dieu. Le succès des sermonneurs est tel qu'ils sont suivis comme leur ombre par des peuples enflammés. Ils drainent chaque jour plus d'hommes, pauvres gueux illuminés ou simples bougres, s'accrochant à une lueur d'espoir en ces temps de disette. On laisse là sa vie et ses quelques biens pour se joindre aux croisés et se consacrer à Dieu. Le croisé fait œuvre pieuse, il accomplit un devoir sacré.

Le ralliement des pèlerins du Christ qui font vœu du voyage outre-mer dépasse toutes les attentes : « les paysans attellent les bœufs à des chariots à deux roues, sur lesquels ils chargent leurs maigres provisions, leurs armes, outils de cultivateurs et leurs enfants. » C'est la mobilisation générale. Les bourgeois, les seigneurs se relient à l'appel et font leurs préparatifs pour s'aventurer avec Pierre qui a décidé de précéder la croisade officielle.

« Pierre l'Ermite marchait à l'Est, ignorant les routes, croyant que Jérusalem était au centre de l'univers et que toutes les voies y aboutissaient… Aux maladies qui assaillirent ces malheureux s'ajoutèrent les représailles sanglantes des populations traversées, que les croisés pillaient forcément pour vivre, égorgeant les juifs qu'ils rencontraient, en offrande de sang agréable à Dieu. Les Hongrois surtout se ruèrent avec fureur sur les pèlerins, refoulés en Thrace, déjà considérablement diminués. Affamés, perdus, errants, ces victimes supportaient tout, croyant chaque soir que l'aube prochaine éclaireraient d'or les murs de la Ville sainte… Le Danube coula rouge du sang de ces infortunés après l'assaut infructueux de Mersbourg… »

 
 
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