Ouvrage publié aux éditions Atlantica - ISBN 2-35165-023-9
 
Le Livre
   
 
Extraits
   
 
Extrait
 


1482 - 1496 - Le sultan Djem

C'est à Guy de Blanchefort, qui parviendra en 1512 à la dignité de grand maître, que revient l'honneur de confier le prince Djem au représentant de Sa Sainteté, le cardinal La Balue, le 10 mars 1489 à Ostie. Trois jours seulement après l'arrivée de Djem en Italie, Pierre d'Aubusson, se trouvant par hasard à Rome, est élevé par le pape à la dignité de cardinal, comme le stipulait leur accord du 14 février 1486.

Le long du Tibre sur lequel voguent deux galères de l’Ordre à destination de Rome, une foule considérable s’est massée pour voir l’étrange spectacle « Regardez, regardez : le prince barbare est prisonnier du pape ! » 

L’entrée solennelle du prince à Rome était grandiose : la suite de Djem ouvre la marche, suivie de la garde à pied et à cheval du pape et de ses pages. Ils précèdent la garde des cardinaux, puis celle de la noblesse romaine suivie du frère du grand maître, le vicomte de Montheil, à cheval à coté du fils du pape. Arrive Djem, monté sur un cheval blanc propriété du Saint-père, qui lui-même devance le prieur d’Auvergne Guy de Blanchefort, puis un détachement des chevaliers de l’Ordre assurant la sécurité du noble personnage. Fermant le cortège, le grand chambellan du pape, nombre de prélats et de cardinaux.

Mais la stupéfaction du monde chrétien fut grande lorsque, pour montrer sa soumission, l’ambassadeur du sultan d’Egypte en Italie, après s’être prosterné trois fois jusqu’à terre, embrassa le pied du cheval de l’illustre personnage.

Djem est reçu par Innocent VIII en véritable seigneur, avec force égards, réceptions et banquets. On a même réservé à cet hôte de qualité la meilleure suite, celle habitée voici peu par César Borgia, duc de Valentinois. Le Saint-père ne saurait prendre ombrage au refus du prince de se plier aux usages de courtoisie du moment, ou à tout manque de respect envers son auguste personne (malgré tous les efforts du maître des cérémonies, Djem refuse d’ôter son turban, et même de fléchir les genoux). Le pape a trop besoin du sultan pour la prochaine croisade contre Constantinople et le traite comme son propre fils.

En Italie, Djem vit d’abord à la cour pontificale, puis est enfermé au château Saint-Ange pendant la maladie du pape qui conduira le vicaire du Christ au paradis.

Dès l’avènement en 1492 du nouveau pontife Alexandre Borgia, le pape dépêche à Constantinople son maître des cérémonies, George Bocciardo. L’émissaire est chargé de négocier la reconduction de la détention du prince au prix de quarante mille ducats annuels, ou sa mort moyennant trois cent mille.

 
 
© etoilecreation.com 2006-2009