Ouvrage publié aux éditions Atlantica - ISBN 2-35165-023-9
 
Le Livre
   
 
Extraits
   
 
Extrait
 


Le Grand chemin vers Jérusalem

Le 1 er juillet 1097, à Dorylée, l'ennemi écrasé est contraint de s'enfuir, abandonnant sur place de nombreux morts et un énorme butin d'argent, de chevaux, ânes, brebis, et surtout d'or. Le jeune prince seldjoukide, surprit de l'arrivée des renforts, a été obligé d'abandonner son trésor avec lequel habituellement il paie ses troupes. Certes, la victoire est aux Chrétiens, mais les pertes sont considérables, beaucoup de combattants ne verront jamais Jérusalem «…Cette journée de Dorylée, glorieuse, victoire bien franche, resta détestable, car elle développa chez les vainqueurs le goût des dépouilles … Qui pourrait dire les quantités d'or, d'argent et d'habits qu'ils s'approprièrent. Tout à coup le pauvre devint riche, et celui qui était nu se retrouva vêtu. »

Dans les régions arides d'Asie Mineure, en pleine saison chaude, les croisés souffrent terriblement de la soif et de la faim. Le ravitaillement est malaisé, les armées nombreuses, handicapées par la masse des non-combattants. Les bêtes meurent, obligeant les chevaliers à poursuivre à pied, à se séparer de leurs boucliers et hauberts qu'on vend pour quelques deniers à la population, ou qu'on laisse là, pour s'alléger « …En proie à la famine et aux épidémies, traînant avec peine des richesses inutiles, l'armée superbe avait l'aspect d'un peuple chassé…Les chevaux étant morts, on vit des chevaliers montés sur des ânes et des bœufs, et on chargea des bagages sur des béliers, des porcs et des chiens… »


Pierre d'Aubusson, 40ème Grand Maître (gravure)

Lors de la bataille de Dorylée, les combattants se sont aperçus être trop lourdement chargés face aux Turcs équipés d'armes légères, qui eux, privilégient la mobilité. Le chevalier porte sa lourde protection : plate d'armure, cotte ferrée, bassinet, gorgerette, son épée à deux tranchants, si pesante qu'il faut la tenir à deux mains, lance, hache, bouclier… Egalement, les vêtements ne sont pas adaptés aux attaques incessantes, ni au climat inconnu des Occidentaux. Pour traverser l'Anatolie, les francs mettront cent jours, quand un mois aurait dû suffire. Un témoin contemporain écrit : « …Quand fut connue cette affaire honteuse pour l'Islam, ce fut une véritable panique. La frayeur et l'anxiété prirent d'énormes proportions ».

Les Chrétiens reconnaissent déjà la vaillance, la bravoure de leurs ennemis au combat. Tous louent l'énergie de ces valeureux adversaires, tandis que les Turcs redoutent les Occidentaux transportés par leur foi, le sacrifice de leur personne au service de Dieu, le don d'eux-mêmes pour parvenir au but fixé. Et ils ont raison : qu'importe la vie, puisquele salut est assuré aux combattants morts au service de leur Dieu.

 
 
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